29 ans après…

Il y a 29 ans jour pour jour, au Rwanda, commença le génocide perpétré contre les tutsis.

Les extrémistes hutus, alors au pouvoir, décidèrent de procéder à l’extermination de toute personne tutsie quelle que soit son âge, son genre, son statut social. L’élément déclencheur de ce génocide fut l’abattage de l’avion transportant le président du Rwanda de l’époque. Le plus vicieux dans l’histoire est que ces mêmes extrémistes hutus auraient abattu cet avion. Ils trouvèrent ensuite une raison pour commencer un génocide qu’ils avaient déjà préparé dans des campagnes de haine et d’armement de la population civile à l’arme blanche. Le 7 Avril 1994 commença alors une violence inouïe de trois mois où des actes d’une barbarie extrême furent commis sur la population tutsie et les opposants politiques.

Il est impossible pour les survivants, même encore aujourd’hui, de ne pas ressentir une tristesse extrême ou une révolte en pensant à ce génocide. Refaire confiance, revivre de façon sereine a été une chemin parsemé d’embûches mais pas impossible. Il faut dire que le génocide perpétré contre les tutsis a laissé de nombreux questionnements sur l’ambivalence de la nature humaine. Une nature qui peut être barbare d’abord, où jusqu’à aujourd’hui, nous ne comprenons pas comment des voisins, amis, ont pu être convaincus que la haine anti-tutsie et leur extermination étaient légitimes et nécessaires à leur salut. Ils se sont mis à pourchasser et massacrer des familles entières, surtout celles qu’ils connaissaient. Ceci est le résultat d’une politique de haine et de discrimination anti-tutise qui avait duré plus de 35 ans et avait traversé deux générations au Rwanda. Puis une autre nature profondément juste, où des justes, peu nombreux, très peureux, mais très actifs ont décidé de cacher et sauver les tutsis en cavale, même ceux qu’ils ne connaissaient pas. Aujourd’hui, n’importe quel survivant doit son salut à la croisée inespérée d’un juste sur son chemin. Les oreilles de ces justes étaient restées sourdes à une politique discriminatoire et haineuse de 35 ans et ce n’est pas peu de choses.

Aujourd’hui, la force et la résilience des survivants ont été nécessaires afin de bâtir un avenir meilleur pour les enfants du Rwanda. Aujourd’hui, nous nous souvenons de plus d’un million de victimes lâchement assassinées pour le simple fait qu’elles étaient tutsies. Cet hommage à leur mémoire est avant tout un message de mise en garde au monde entier : ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 ne devrait jamais se passer ailleurs. Haïr une personne pour ce qu’elle est conduit à des crimes contre l’humanité. Etre juste, quitte à risquer sa vie, même dans une situation où tout semble perdu, c’est ce qu’il y a de bien à faire.

En mémoire d’un million de personnes, assassinées pour le simple fait qu’elles étaient tutsies, je m’incline. En mémoire des opposants politiques, assassinés pour leurs idées justes, je m’incline.

Zaha Boo

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