La femme rwandaise.
Elle est belle quand elle veut. Cela ne dépend pas de la pluie, du soleil ou du temps de la moisson. Cela dépend encore moins de toi, toi qui adore tant parler d’elle et dire à qui va, qu’elle est belle. Tu y tiens et tu le revendiques comme si sa beauté excusait tes défauts, tes caprices ou tes imperfections. Sa beauté n’est pas ta fête, ni ta paye, encore moins ton dû.
Elle est belle quand elle veut.
Si elle t’échappe, ce n’est pas par hasard. Elle n’est pas née pour que tu puisses la saisir ou la comprendre. Elle existe pour vivre sa liberté et laisser des traces de fascination dans ce bas monde. Elle est belle, et rebelle. Mais tu t’arrêtes à la première moitié de sa beauté. Tu parcours le monde en annonçant sa splendeur comme si elle t’avait demandé de la représenter ou de l’exhiber. Sois prévenu, c’est elle qui dira son dernier mot quand les badauds que tu auras appelés viendront la contempler.
Elle est belle quand elle veut.
Tu leur auras dit qu’elle était douce en oubliant de mentionner ce que tu appelles une insolence sans égale comme si tu étais un ayant droit face à son refus de jouer le jeu. Si elle se sent envahie, elle risque de tout fermer, que ce soit les rideaux de son coeur ou les volets de sa bienveillance pour faire comme si tu n’existais pas. Non ce n’est pas de l’insolence, encore moins une violation de tes droits. C’est sa compréhension à elle de sa vie et de ce qu’elle estime qu’elle ne te doit pas.
Elle est belle quand elle veut.
Elle sait dompter les situations les plus difficiles, supporte des souffrances atroces mais elle a une faille. Sa seule faiblesse c’est que quand elle t’aime, elle t’aime pour la vie. Tu pourrais devenir satan, elle priera ses ancêtres pour que tu changes car dans son coeur, elle a immortalisé le premier jour où elle t’a vu sourire. Mais détrompe-toi. Cela ne veut pas dire qu’elle ne te quittera jamais. Si tu lui fais souffrir au point d’atteindre le point de non retour, elle pourra choisir de t’aimer à distance et tant pis pour toi si cette situation paradoxale te rend fou.
Elle est belle quand elle veut.
Comment ne pas parler de son amour pour les enfants. Elle est gaga devant les bébés. Si cela ne tenait qu’à elle, elle accoucherait cinq fois, deux par deux. Elle adore leurs joues joufflues, leur odeur, et elle a appris à s’en occuper. Elle a dormi chez les cousines et chez les tantes qui avaient accouchés, et elle s’est imaginé à maintes reprises leur voler leurs bébés tellement elle les adorait. Que pourrais-tu dire contre celle qui a repeuplé le Rwanda après le génocide, acceptant de porter dans son ventre des enfants alors qu’on lui avait volé tout son espoir?
Elle est belle quand elle veut.
Oui même quand, à bout, tu auras décidé qu’elle ne serait plus belle à tes yeux. Elle sortira son plus beau sourire et ira vivre sa liberté là où bon lui semble. Elle s’évadera de tes attentes et de ton modèle de ce qu’une femme rwandaise doit être, avoir ou faire. Elle t’étonnera par son unicité quand tu l’auras pourtant réuni avec toutes les autres pour crier à tout va : les femmes rwandaises sont belles.
Non, mais.
La prochaine fois que tu diras qu’elle est belle rappelle-toi qu’elle a bien plus à offrir. Sa beauté n’est ni un musée ni une salle de cinéma, mais c’est toute une série de choses qui t’échappent et t’échapperont encore si tu essaie de les annoncer comme un de tes patrimoines culturels. Tout ce que tu revendiques chez elle lui appartient : c’est son sourire, c’est son bonjour, c’est sa bienveillance.
C’est sa liberté.
Merci pour le compliment, mais…elle est belle quand elle veut.
Zaha Boo