La famille de feu Boniface NGULINZIRA annonce la reprise des audiences du procès qu’elle a intenté, avec d’autres rescapés de l’ETO, notamment la famille de feu Fidèle KANYABUGOYI, contre l’Etat belge, le Colonel Luc Marchal, le Lt Luc Lemaire (+) et le Lt-Colonel Joseph Dewez pour l’abandon, lâche, de plus de 2000 Tutsis et opposants politiques, le 11 Avril 1994 à l’ETO Kicukiro.
Les audiences reprendront ce 2 Mars 2018 à la Cour d’Appel de Bruxelles. Ce procès est l’aboutissement d’un combat de plus de 23 ans dans la recherche de la vérité sur la tragédie de l’ETO Kicukiro.
Boniface NGULINZIRA fut Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Rwanda entre Avril 1992 et Juillet 1993. Il fut l’un des grands artisans des Accords de Paix d’Arusha, négociés et conclus entre avril 1992 et août 1993. A ce titre, il devint l’une des personnalités les plus menacées par le régime Habyarimana, compte tenu de l’hostilité d’un noyau d’extrémistes Hutus par rapport à ces Accords. Toutefois, Boniface NGULINZIRA refusa toujours, de fuir le Rwanda : il ne voulait pas condamner, lui-même, les Accords d’Arusha que le président Habyarimana avait qualifiés de chiffons de papiers.
La MINUAR (Missions des Nations Unies pour le Rwanda) avait notamment comme mission d’assurer la sécurité des personnalités politiques, et prioritairement ceux associés au processus de démocratisation. C’est à ce titre que Boniface NGULINZIRA bénéficiait, depuis fin mars 1994, d’une garde rapprochée de 3 hommes appartenant au détachement des casques bleus belges, placé sous le commandement du lieutenant Luc Lemaire et basé à l’Ecole Technique Officielle de Kicukiro – (ETO Don Bosco).
Le 7 avril 1994, vers 8 heures du matin, sous les ordres du lieutenant Luc LEMAIRE, la famille NGULINZIRA, fut évacuée et conduite vers un endroit soi-disant plus sûr: l’ETO Don Bosco. La famille y fut rejointe par de nombreux réfugiés des quartiers environnants. Ceux-ci étaient effrayés par le déclenchement des violences qui prenaient de l’ampleur, contre les Tutsis et les opposants politiques. D’autres, étaient des survivants des familles qui venaient d’être partiellement exterminées par les miliciens Interahamwe.
La sécurité des réfugiés de l’ETO fut de courte durée. En effet, le 11 avril 1994, vers 13 h 45, après avoir évacué les ressortissants étrangers, les Casques bleus belges, escortés par les militaires français de l’Opération Amaryllis, quittèrent les lieux abandonnant ainsi plus 2.000 personnes sans défense. Dans les minutes qui suivirent, les soldats et les miliciens du régime Habyarimana qui encerclaient l’école, y pénétrèrent. De nombreux réfugiés Tutsis furent massacrés au sein même de l’ETO. D’autres furent conduits au mont Nyanza où ils furent exécutés à leur tour. Boniface NGULINZIRA essaya de fuir avec sa famille mais il fut rattrapé et arrêté. Il sera également exécuté par des militaires, le même jour du 11 Avril 1994.
La veuve et les enfants de Boniface NGULINZIRA passèrent les trois mois du génocide perpétré contre les Tutsis et des massacres d’opposants politiques, terrés et cachés par les justes. Ils purent s’enfuir du Rwanda en Juillet 1994.
Une fois arrivée en Belgique et après maintes recherches, la famille NGULINZIRA apprit que l’ordre d’abandonner les réfugiés de l’ETO Kicukiro venait des autorités belges et non de l’ONU. Elle commença aussitôt le processus de saisir la justice et de porter plainte contre l’Etat Belge et les casques bleus qui ont obéi à cet ordre criminel en connaissance de cause.
Quelles seront les conclusions du juge en charge du dossier «Ngulinzira et consorts»? Il est à noter que la tragédie de l’ETO est l’une des plus emblématiques du génocide perpétré contre les Tutsis et des massacres d’opposants politiques.
La justice, reconnaîtra-t-elle enfin, une partie sombre de l’histoire de la Belgique, à savoir l’abandon de plus de 2000 personnes à une mort certaine?
Que la justice soit rendue et que ces laches soient traduis devant en justice.Jamais, on ne les laissera pas tranquille ne fut-ce que honorer la memoire des notres qui nous ont quitte. Je salue le courage de la famille.On est avec vous les braves.