Les artistes chanteurs rwandais et l’amour…

L’amour, c’est culturel. Quitte à choquer certains.

Les poètes de l’amour passionnel ont l’art de nous faire croire que rien ne se met en travers du chemin de l’amour, le vrai. Ni les traditions, ni la culture, ni l’art. L’amour, c’est l’amour. Il est au-dessus de tout, traverse toutes les frontières linguistiques, culturelles, traditionnelles, intellectuelles. Il casse toutes les barrières, gravit toutes les montagnes, nage tous les océans, emmerde les préjugés, les stéréotypes, unit les couleurs, les valeurs, les douleurs…Stop.

N’empêche que l’amour c’est aussi culturel. En partie.

Le sentiment d’amour est universel, on veut bien croire que les coeurs font boum boum de la même façon quand ils aiment. Toutefois, l’expression (ou la non-expression) des sentiments reste influencée par le contexte culturel dans lequel on a grandi. Donc, dès qu’il s’agira d’exprimer son amour, dans les actes, les paroles, les gestes, votre envirronnement culturel et familial vous trahira. Vous n’aurez par exemple jamais l’idée d’offrir un gros sapin à une femme pour lui témoigner votre amour. Et si vous le faites, parce que vous êtes bizarre, elle risque de se poser des questions. Mais pourquoi pas après tout, qui dicte les règles de l’expression de l’amour ?

En Occident, la notion de l’expression de l’amour est alléchante. Les fleurs, les câlins partout, la St Valentin, les soirées romantiques, n’est-ce pas beau? Mais c’est culturel. Ce n’est pas parce qu’un homme est très galant qu’il vous aime plus que celui qui l’est peut-être un peu moins. Par ici, il y a aussi cette idée que tout conflit de couple est au final un problème de communication, qu’il faut parler, parler, et encore parler. Mon mari dit un jour dans un discours lors du mariage de son meilleur ami, “Tout le monde vous conseillera de parler, de communiquer. Mais croyez-moi, il y a des situations où ils vaudra mieux se taire. Ne rien dire et ne rien faire.”  Les invités étaient hilares.

Les stéréotypes autour de l’expression de l’amour ne manquent pas. Si vous rencontrez un homme rwandais dans une fête, et qu’il vous trouve extrêmement à son goût, il vous dévisagera avec son verre de bière à la main, la main appuyé sur le bar, et vous ne saurez pas où vous mettre. Eventuellement ils vous laissera rentrer chez vous sans vous avoir approché et vous appeler cinq jours plus tard, temps qu’il a mis pour retrouver votre numéro auprès des connaissances. C’est moi le gars du bar, je portais une chemise rouge. L’homme congolais vous abordera avec assurance, vantera aussitôt ses mérites professionnels, ses quatre sociétés et les maisons dont il est propriétaire. Bien entendu ces clichés restent ce qu’ils sont, à savoir des préjugés alimentés par un petit fond de vérité.

Nul ne semble ignorer que les chanteurs aiment chanter l’amour.  A longueur de journée, ils nous bassinent avec les Je suis amoureux, je ne peux plus vivre sans toi, je suis brisé, pourquoi m’as tu quitté, je t’aime encore, sur toutes les radios. Depuis que le monde existe, ils n’arrêtent pas d’inventer de nouvelles associations de mots pour déclarer la flamme ou exprimer un chagrin d’amour, mais toujours trahis par leur culture ou non-culture.  Les artistes chanteurs rwandais de ma génération qui chantent l’amour, doivent laisser transparaître des traces culturelles dans leur chanson ou évidentes.  J’ai essayé de voir comment ils expriment leur amour et comment ils le lient consciemment ou inconsciemment à la culture rwandaise.

The Ben (Habibi)

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Habibi, (Habibi)

Come close sweet yoo nkubwire ( Viens près de moi trésor, que je te dise quelque chose)

Ese waba uzi ko wanzonze mamy, (Saurais tu que tu m’as “retourné”)

Ni ukuri sinkiriho,…(Je te jure je ne vis plus)

Evidemment The Ben is The First. Comment ne pas commencer par lui? Quand The Ben fait une déclaration d’amour, on dirait qu’il fait une déclaration Universelle des Droits de l’homme. Il le crie haut et fort, avec un romantisme qui va jusqu’au frontières de la raison. Il nous avait déjà fait le coup dans “Am In Love”, un titre à plus d’1,4 millions de views sur internet.  Sa dernière chanson Habibi est artistiquement mature, le texte est au point et rime avec les émotions jusqu’à la dernière note. En un rien de temps, The Ben a réussi a faire adopter le terme “ndagufana“, que veut dire littérairement “je suis ton fan” à des milliers de rwandais qui, désormais, l’utilisent beaucoup pour déclarer leur amour ou affection.

Il faut aussi remarquer que si cette chanson est essentiellement chanté en Kinyarwanda, on peut facilement retrouver au moins 3 autres langues : l’arabe, l’anglais et le Kiswahili.  The Ben fait donc tout pour paraître le plus international possible. L’une des dernières scène du  clip, montre une demande de mariage. Doit-on toujours se marier avec son grand amour ?  Je me demande si ses origines rwandaises ne l’ont pas rattrapées ? Des origines qui  de manière consciente ou pas, tentent de nous faire croire à tout prix que le mariage serait l’aboutissement ultime de l’amour…

Ko Nashize (Knowless)

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Muyaga ujya iwaaabo (Oh vent qui souffle jusque chez lui)

Waretse nkagutuma ah ah ( Pourrais-tu être mon messager)

Ukamubwira ko mukunda, (Dis-lui que je l’aime)

Ko nashize, ( Que je n’en peux plus)

Nkabura aho mbihera…( Que je ne sais pas par où commencer)

Les filles rwandaises aiment aussi, et comment! Certains  disent qu’elles n’aiment qu’une seule fois. Elles seules, savent qui elles ont réellement aimé. Les clichés sont des clichés, souvenons-nous. C’est très difficile pour la féministe que je suis d’écrire ce qui va suivre mais je vais me donner une chance d’être ouverte. Tenez-vous tranquille mais culturellement, une vrai fille rwandaise, ne fait jamais le premier pas. Oui, les vraies rwandaises se laissent courtiser, désirer, approcher. Elles sont normalement douées pour faire comprendre aux hommes qu’elles sont intéressées, mais aller se déclarer en plein jour, ça ne se fait pas. Je relate juste les choses. Attendez la suite, si l’homme prend les devants, il ne leur est pas tout à fait permis de dire oui tout de suite. Cela ferait une impression de fille facile. Elles doivent laisser mijoter les hommes, afin de leur faire savoir qu’elles sont bien éduquées et surtout réfléchies. Donc, même si c’est mille fois oui, et qu’il n’y a pas de doute, la culture leur dit, calmos jeunes filles, take it easy. Banza ubitekerezeho (réflechis d’abord un peu).

Knowles, nous rappelle une part de cette réalité culturelle dans sa chanson Ko nashize, qui relate l’histoire d’une fille qui ne sait plus quoi faire pour déclarer son amour à un homme, parce que la culture  rwandaise ne le lui permet pas (mu muco w’iwacuuu, nta mwali ufata iya mbere…). Et elle invente une chanson pour que le vent qui souffle chez cette homme, puisse aller lui dire qu’elle l’aime. Knowless chante plus loin qu’elle ne veut pas être la risée de son village, pour avoir fait le premier pas. Kuko nutabikora nzarinda njya mu nda y’isi ngifite agahinda…Et si le vent ne transmet pas son message d’amour, elle mourra avec son chagrin. Knowles pose donc des bases extraordinaires dans cette chanson. La culture traditionnelle avant l’amour. Oui, j’aime beaucoup cette chanson, très originale, qui incarne la force d’un amour passionnel mais qui ne peut dépasser les barrières culturelles. Knowless montre à quel point parfois la réalité culturelle peut être lourde, sans pour autant vouloir la perturber. La notion traditionnelle de la fille rwandaise qui fait des travaux de la maison, avec d’autres jeunes filles de son âge est également présente dans le clip de Knowless.

Rien ne m’étonnerait que si cet homme tant chanté venait à faire le premier pas, la fille en question, si elle est vraiment rwandaise, dirait d’abord non, ou prendrait du temps pour “réfléchir” (ndabitekerezaho) alors qu’elle était presqu’à l’agonie.

Pour la petite histoire, un ami de Kigali, m’avait juré un jour que si une fille faisait le premier pas chez lui, aussi fort qu’il l’aimerait, il ne l’épouserait jamais car elle aurait tout gaché. On a discuté pendant de longues heures pour que je puisse comprendre ce tout et j’ai  fini par craquer.

Finalement, féminisme ou pas, c’est toujours très beau quand un homme courtise une femme le premier, on ne va peut-être pas réclamer égalité dans la matière.

Agatima ( Christopher)

Agatima

Christopher est un artiste qui est techniquement accompli. Côté textes, c’est clairement mon préféré. Toutes ses chansons sont énormément travaillées, là ou d’autres artistes sortent parfois des numéros à la va-vite. Dommage qu’il soit un peu moins célèbre. D’ailleurs j’ai eu du mal à choisir un titre pour lui, tellement il se montre varié dans ses textes.

Dans sa conception de l’amour, Christopher a des textes bluffants. Dans “Agatima”, il y a cette humilité d’attendre l’être aimée qui souffre chez un autre, espérant qu’un jour elle ouvrira les yeux et verra le véritable amour qu’elle a toujours mérité.

Hari igihee uzakanguka, (Un jour tu te réveilleras)

amaso yawe agahumuka,( et tes yeux ne seront plus aveuglés)

uzasanga agatima kagihari ( tu verras que mes sentiments sont toujours les mêmes)

Là ou les amis conseilleraient de passer à autre chose, de ravaler sa fierté, et d’oublier celle qui vous a largué pour un autre, Christopher chante haut et fort qu’il attendra. Un message puissant. Et ce n’est pas la première fois que ce chanteur se montre conciliant dans ses textes. Il y a encore dans son duo avec Riderman

Urandiza bikanshavuza, nkabyirengagiza, (Tu me fais de la peine, mais je passe toujours outre)

ukambeshya bikambabaza, (tu me mens et celamechafgrine)

nkabyirengagiza. (mais je passe outre)

Ubanza ngukunda ngakabya ( peut-être que je t’aime un peu de trop)

J’aime bien ce regard d’amour avec toujours un peu de recul.

Niwumva bavuga y’uko nasaze, (Si jamais, tu entends les gens dire que je suis devenu fou)

ntuzagirengo ni ibindi…( n’y prête pas attention)

Bagufite babyumvaaaaa, (Si ils t’avaient, il comprendraient)

bamenya amahirwe nagize ( La chance que j’ai)

Je pourrais toutes vous les chanter…Ce que j’aime bien dans tous ces textes c’est finalement l’humilité.  En fait c’est simple, quand on connaît Christopher, tous ses textes vont toujours dans le même sens. Je pense, j’espère que je ne me trompe pas, que la culture rwandaise apprend ses hommes à courtiser les femmes avec une certaine sagesse. Juste parce que la culture rwandaise éduque les femmes dans une sorte de surprotéction contre l’homme et ses tentations (abahungu ntibazagushuke). Ces hommes ont donc intérêt à se montrer réflechis…

Yantumye (King James)

King james

Rassurez-moi, ça se fait encore ? Que quelqu’un dise à quelqu’un de te dire qu’il t’aime. Je n’ai fait que l’école primaire au Rwanda, et j’ai aussi reçu des petites lettres de quelqu’un via quelqu’un. J’ai  aussi joué à la petite postière, eh oui. J’ai même offert mes services de traductrice en français pour une lettre d’amour destinée à une personne qui étudiait à l’école belge. Epatant comme CV. L’amour crée des emplois, oui. Les fleuristes, les musiciens, les poètes, tout ce beau monde pour aider les amoureux à se déclarer leur flamme.

Quand King James se met dans la place du messager, ils nous détrône tous. Ici, tout est dans le langage non verbal, des amoureux choisis dans le clip. Je ne sais pas, ils ont quelque chose de tellement rwandais, de so rwandish, que les paroles de la chansons n’arrivent pas à exprimer seul.

Ngo Amarangamutima ye nimenshi (Ses sentiments sont très profonds)
Niyo mpamvu yantumye ngo nkubwire (C’est pour cela qu’il m’envoie comme messager pour te dire)
Ngo yari azi ukwezi ntiyari izi izuba (Qu’il connaissait la lune mais pas encore le Soleil)

Ngo Yarimenye ubwo yakubonye (Il l’a connu quand il t’a vu)
Yarakubonye agira amazinda (Quand il t’a vu il a perdu le Nord)
Ngo yewe yibagiwe niyo ajya (Il a même oublié où il allait)
Ahubwo atangira kurota ( Il a commencé à rêver de vous deux)
Agatoki kukandi mwicaranye. (main dans la main , assis ensemble)

Un des meilleurs clips que j’aurais vu de toute ma vie…et cette guitare,  waw. James prouve toujours qu’il est le King de la musique rwandaise. Un morceau de texte de cette chanson  ne nous aura pas échappé, Wuje ubunyarwandakazi kumaso yoo…( tu es une rwandaise accomplie) A la fin du clip, on peut apercevoir les deux amoureux devant ce qu’on pourrait dire que c’est leur maison, qui ont vielli ensemble.

L’amour mène au mariage n’est-ce pas? J’imagine déjà la voix d’un homme rwandais, mature et âgé me posant la question «  où veux-tu qu’il mène d’autre ». Et moi m’embarquer dans une discussion sans fin avec lui pour lui expliquer qu’il peut juste mener à la réalisation de soi, etc.

Velo (Teta Diana)

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Comme dirait mon ami Danny, Teta, oh Teta. Juste pour vérifier si Danny lit mes textes.

Njyewe nakunze agahungu, (j’ai aimé un garçonnet)

Agahungu gafite imitoma, ( qui avait de belles paroles d’amour)

Karaje ngo gafite urukundo, ( il s’en est venu et a brandit son amour)

Urukundio ntazabona ahandi,(en me disant que jamais je ne trouverai pareil amour)

Karongeye ngo gafite umutungo, ( Il a rajouté qu’il avait des biens)

Umutungo uzadutunga twembi,( Qui subviendront à nos besoins)

iyoo iyoo ndacururuka, ibiciro ndabimanura, ( Et moi je me suis emballée, j’ai baissé mes prix)

dusezeranya no kubana, (nous avons convenu de nous marier)

inkwano zirabura ndagakatiraaaa….Velo, velo velo…( Et il n’a pas pu avoir la dote et je l’ai largué)

Velo c’est vélo. J’aime bien la photo que j’ai choisi pour ce titre. Ce que Teta fait là, je l’appelle faire sa rwandaise. Vous comprenez. Nous avons affaire à une La-dy, qui est agacée de voir qu’un si petit homme puisse avoir le culot de l’aborder. Elle veut un homme, avec un grand Hash. Et lui-là, vient, avec sa tête à claque, et ses fleurs à la noix. On-ne-dérange pas une grande Dame, okay ? Ceci me rappelle que les rwandaises sont réputées d’être un peu, comment le dire, pas très agréables, quand on les aborde. Cliché.

Velo c’est l’amour à l’envers.  Il y a Love, et velo. Teta se moque merveilleusement bien de l’amour moderne, où les hommes vous courtisent en brandissant leurs avoirs, et vous les larguez finalement quand vous découvrez qu’ils n’ont rien. Tout tourne autour de l’argent…

Sakwe sakwe Velo. Nagutera icyo utazi utabonye, urukundo rw’ubu ruzira cash…

Dans une certaine forme de devinette culturelle, Teta lance le défi de connaitre “ce que tu ne connais pas, n’as jamais vu”. Normalement à cette question, on doit répondre, l’enfance de ton père et ta mère, mais Teta mentionne, que c’est l’amour d’aujourd’hui, désintéressé par l’argent, avant d’avoir un rire moqueur. Comprenne qui comprendra.

Remarquez que cette idée de dote, de mariage, revient dans le texte de Velo.

Lire aussi : Le Secret de Teta Diana

Ntawamusimbura (Meddy)

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Y en a toujours un qui arrive et nous bombarde d’une poésie sans limite. Vous voyez, celle dont on a parlé plus haut, qui traverse toutes les cultures, les frontières, les valeurs, les couleurs, les douleurs…Stop. Chez Meddy, l’amour devient carrément un autre pays avec sa propre culture. Chaque fois que Meddy chante c’est comme pour essayer de convaincre à l’être aimé qu’il va mourir s’il venait à la perdre. On a connu l’amour sans limite dans Igipimo, l’amour-folie dans Nasara, on pensait qu’il s’était un peu calmé dans Burinde bucya mais Ntawamusibura est une terrible récidive. Dans  le clip de ce dernier,  les micros brûlent, le studio brûle et on veut bien le croire. Le feu, le feu, comme dans Phèdre de Racine. Meddy chante en Kinyarwanda mais il arrive à insérer dans son clip un dialogue en anglais. Même sans parler ces langues, on comprendrait ce qu’il veut dire Meddy. Parce qu’il parle l’Amour.

Kukubura umwanya muto, ( te perdre même un instant)

iyee, ni nko gusugongera, (c’est comme goûter )

ku rupfu…(à la mort)

Carrément. Et cette répétition à outrance du refrain à un mot : Ntawamusimbura (personne ne peut la remplacer), devient comme le cri d’un opprimé qui réclame son droit à l’amour qu’il confond avec un droit à la vie.

Kuva kera nkiri muto ( Depuis que je suis petit)

Mama yambwiye ko ( Maman m’a toujours dit)

Ngo Urukundo ntiruhusha ( Que l’amour est clair)

Numubona uzamumenya ( Quand tu la verras, tu la reconnaîtra)

Ntawamusimburaaa ( Personne ne peut la remplacer)

On a quand même aussi cette idée de retourner vers ses racines, malgré les airs ultra passionnels de sont texte. Il tient à son amour, car on lui a appris qu’il devra s’en tenir.

Un ami qui rira en lisant ceci avait dit un jour que chaque fois qu’il voit son ex, il s’étonne qu’elle soit encore vivante. Elle lui avait juré qu’elle ne pouvait vivre sans lui. Peut-être que c’était une fan de Meddy…

Ni Danger (Danny Vumbi)

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Une cérémonie de dote capote dans la chanson “Ni Danger” de Danny Vumbi. Normalement, lors d’une cérémonie de dote , les discours sont scupuleusement analysés et c’est une sacré réputation d’être connu comme étant un bon palabreur ( si je peux emprunter le vocabulaire de l’Afrique de l’ouest), c’est-à-dire une personne éloquente qui saura gérer la discussion de la cérémonie de la dote, que ce soit en demandant la main de la mariée ou en l’accordant. Si cette personne sait parler un kinyarwanda ancien et animer les invités par son humour plein de sagesse et de poésie, les gens apprécieront d’autant plus. Or Danny Vumbi relate tout le contraire. Dans le clip de la chanson, on voit quelques jeunes, provenant d’un quartier populaire, s’aventurer dans la dure tâche d’aller demander la main d’une fille pour leur ami. Ils ont une éducation « douteuse », au langage tellement mélangé de termes étrangers, “louches” “de rue”-et par conséquent irrespectueux pour certains. Ce langage n’est rien d’autre qu’un Kinyarwanda mélangé avec des termes étrangers…rien de grave donc.

Uyu mujama yakundanye n’umubebi wanyu

Aramwiyongoza injuga ziramufata
Ab’aduteye Story
Toragotwa muri ghetto
At’uyu mwana ndabona ahiye Sinamugotwa ni munfashe
Turebe vieux turebe na mere
Namwe muraYoka

Ce qui est inscrit plus haut est juste intraduisible.  C’est comme si on allait demander la main de sa copine chez son père en disant, “Salut vieux, j’aime bien ta baby-là, alors je peux la marier ? ” .

A la fin du clip de Danny Vumbi toute la délégation du marié est mise dehors. Le message est simple : qu’ils rentrent chez eux, et qu’ils reviennent en parlant une langue compréhensible. Ce qui me fait grand plaisir c’est le vieux de 80 ans qui s’est adonné au jeu et qui a délicieusement  bien joué au clip. Remarquez qu’il lache une phrase qui dit: agahugu katagira umuco karacika. (Un pays sans culture finit par s’éteindre)

Vraiment là, Danny Vumbi, il faut un talent et une imagination débordante pour inventer une telle chanson…Une façon réussi de se moquer un peu de sa culture, en lui donnant toute sa valeur finalement.

Où est l’amour dans tout ça ? Oui l’amour dans tout ça? Je n’en sais rien, par chez nous, l’amour et le mariage nagent toujours ensemble…

Elle est où la première concernée, la mariée? Vous aurez beau l’aimer, allez donc dans sa famille en vous exprimant comme un pingouin, elle ne sortira pas. Point.

Love, love, only love…

Que dire de plus à propos ces artistes qui vivent au Rwanda ou à l’étranger et qui chantent en Kinyarwanda? Il est évident que leurs chansons d’amour puisent incontestablement leur inspiration dans la culture rwandaise, que ce soit de manière subtile ou évidente. Mais toujours est-il que selon leur sensibilité, ils arrivent tous à nous décrire l’amour d’une manière unique et imposer leur signature spécifique. Ceci dépend peut-être de leur éducation, ou de leurs sensibilités personnelles. Sans doute, la première chose qu’on peut leur remercier, c’est que malgré la modernité de leur musique, ils continuent de chanter dans la langue rwandaise, premier signe incontestable d’attachement à leur culture.

Que puis-je donc vous souhaiter en amour, sinon d’avoir au moins une fois aimé comme Meddy dans Ntawamusimbura et en sortir vivant,  être ou trouver une fille qui respecte les traditions comme Knowles dans Ko nashize, trouver un être aussi romantique que The Ben dans Habibi, un homme qui vous fait rire comme Danny Vumbi dans Ni Danger ou Teta Diana dans Velo, passer par la maturité  et l’altruisme de Christopher, et avoir un messager aussi efficace que King James.

Bravo les artistes!

Zaha Boo

Sources :

Habibi : https://www.youtube.com/watch?v=Fslmc3EVt-4

Ko nashize : https://www.youtube.com/watch?v=N80tMYFrSlU

Agatima : https://www.youtube.com/watch?v=Ekj1UiofxXA

Velo : https://www.youtube.com/watch?v=Bmf5zmz3coM

Ntawamusimbura : https://www.youtube.com/watch?v=lJQ9pXCz3cM

Ni danger : https://www.youtube.com/watch?v=KrVbInajkrQ

5 Comments

  1. Bien dit Zaho boo, et merci pour cette analyse aux artistes chanteur rwandais en ce qui concerne la romance et la culture rwandaise. Il fallait aussi dire quelque chose sur le rap ou Hip Hop rwandais vis à vis l’expression de l’amour.

    Once again, thanks a lot for the very scrutinised analysis and lovely comments about Rwandans artistes and their way of expressing their love.

  2. Ooh la la tu es des si rares à entrer dans les profondeurs des chansons comme ça. Cela me donne aussi la chance d’y penser plus.

  3. Tu ne t’imagines même pas la joie que j’ai eu en te lisant entré d’analyser les chansons de nos compatriotes et chanteurs. Thanks a lot

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