A propos de Zaha Boo.

A proposD’origine rwandaise, je vis en Belgique depuis plus de vingt ans. Ingénieur Commercial de formation, je me passionne également pour l’écriture. Je suis convaincue qu’écrire change positivement le monde, même si l’on touche une seule personne, même si cela change seulement l’écrivain, c’est un grand pas.

Ai-je toujours écrit ? Oui, aussi loin que je puisse me souvenir de mon existence, j’ai toujours écrit. Ecrire n’est pas seulement prendre un papier et y griffoner quelque chose. C’est d’abord vivre pleinement sa vie, trouver l’inspiration, ensuite, l’immortaliser. Alors petite, j’ai d’abord dessiné, puis aimé faire du bricolage, j’ai dansé, j’ai chanté.  Dehors, sous le soleil, je formais un cercle avec de petites pierres et mettais une pomme de terre cuite au milieu. Cinq minutes après des fourmis faisaient la file et chacune attendait son tour pour venir mordre dans la pomme de terre.  Celle-ci a été mon premier livre et les fourmis mes premières lectrices…

En 2001,  mes poèmes furent insérés et publiés dans le livre “Un autre Rwanda possible”  (L’Harmattan, Mémoires Africaines), écrit par ma mère sur base d’un receuil de mémoires de mon défunt père. En 2004, j’ai gagné un concours d’écriture à l’Université Libre de Bruxelles, le prix “Marie Christine Adams”. Les projets d’écriture sont actuellement nombreux, dont un roman qui s’achève avec 2015. La chasse aux éditeurs ne fait que commencer.

J’ai longtemps réfléchi pour savoir sur qui, sur quoi j’allais écrire. Je me suis tellement perdue dans la recherche de sujets que j’en oubliais l’essentiel. L’ultime objectif d’écrire. Ecrire parce que j’aime écrire, parce que c’est la seule liberté que je connaisse. Ecrire pour mettre un sourire à un enfant qui pleure, pour ensoleiller une journée grise, pour embaumer un cœur meurtri. Ecrire pour titiller l’indifférence, provoquer le calme, assagir le fou, déplacer les montagnes, et faire hurler les girafes. Ecrire pour décrire un monde qui ne verra jamais le jour, qui existera juste parce que l’homme peut assembler les mots comme il veut, décrire un citron rouge ou une pomme orange. Ecrire des tas de mots pour dire que je m’en fous et une seule lettre pour marquer mon attention obsessionnelle.  Ouvrir la boîte de pandore. La refermer, la rouvrir, la refermer encore.

Ecrire pour déranger, apprendre, faire réflechir, montrer les mille couleurs du monde, voyager.

Ecrire c’est bien vieillir, et bien survivre. On mourra tous un jour, nos maisons seront détruites. Nos corps se décomposeront et personne ne nous aura vu directement dans 200 ans. L’impact qu’on laissera sur quelqu’un qui nous aura lu, restera à jamais une poussière d’étoile. Même silencieuse, même inconsciemment, la manière de voir la vie et de voir le monde que l’on transmet en écrivant, s’envole dans les têtes et les influence à jamais. Elle est consciemment ou inconsciemment transmise de génération en génération.

Ecrire c’est dessiner une fleur pour un enfant, lui montrer un lapin, lui raconter une histoire.

Ecrire encore et toujours, c’est prendre un stylo, le moins cher du monde et sortir nos mots les plus précieux. Décrire la vie telle qu’elle est, telle qu’on la voudrait, telle qu’on ne la voudrait pas. Tout déchirer et recommencer encore et encore jusqu’à ce qu’on trouve les mots justes pour exprimer le plus profond de soi .

Ecrire c’est donner. Contribuer à la beauté du monde.  C’est partager de belles choses qui embellissent au fil de l’écriture . C’est partager des choses terribles, que l’on décrit avec douceur.

Ecrire est une prison. Spacieuse et infinie. Une prison dont on pousse les limites toujours plus haut et plus loin. En écrivant, on entre dans un monde qu’on pense créer et pouvoir contrôler mais il nous échappe toujours à un moment donné. Ecrire nous fait découvrir un univers insoupçonné, jamais exploré. Ecrire, c’est perdre un peu de sa liberté pour aider les autres à retrouver la leur.

Ecrire, est une drogue salvatrice, on en veut encore et encore…

Ecrire c’est se mentir. Que ça ira mieux. Mais qu’est-ce qu’on en sait après tout ? Mais si on croit à ce mensonge, on fera tout pour le transformer en vérité.

Avec le temps, j’ai aussi découvert qu’écrire c’est se rendre naïf pour freiner l’avancée d’un monde de moins en moins innocent…

Ecrire est la seule liberté que je connaisse.

Ecrire c’est la seule illusion qui ne meurt jamais.

Bonne lecture sur zahaboo.com.

9 Comments

  1. Bravo Zaha, I do love your blog and I read Mwiza with emotion. She is just…👉🏽 Waouuuu.
    Bises de Glo.

    1. C’est tellement bien dit que j’en perds mon latin .
      Il faudrait que tu te reconvertisses en écrivainepublique pour que nous puissions te confier tous nos projets d’écritures.
      Je voulais écrire mon histoire et je sens l’encre se dessécher sous l’ensoleillement de tes belles rimes.
      Je suis fière de toi.
      Bravo Zaha boo

    2. Quelle belle plume, chère Zaha! En toi je redécouvre la mère des mused rwandaise: Nyirarumaga. Et j’ai envie de crier le vers du grand poète Bagorozi: “Zemeye inganzo Ingongo inganzo yacu ibyiruye”. Bien fier de toi, Noel aka Huza ya Humure

  2. Bonjour Mwiza,
    J’ai été touché par l’article ” Le Onze Avril 1994, l’indifférence les a tués.” Puis-je le reprendre sur les blogs pour lequel j’écris. Bien sur en donnant le crédit à son auteur et ou à Zahaboo

    1. Hello Charles, merci pour ton message. Quelle est l’adresse de ton blog ? Peux-tu m’envoyer un friend roquets sur Facebook (Zaha Boo) pour qu’on puisse en parler? Merci.

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